Le dirigeable « République » (Paris 1908) |
La gravure de notre première page représente le dirigeable
République d’après les documents recueillis au cours du voyage vraiment
triompha que ce ballon militaire accomplit récemment de Paris à
Compiègne.
Cette sortie avait été prescrite par le ministre de la guerre, qui voulait se rendre compte des qualités du nouveau dirigeable. Le République était montée par le commandant Voyer, le capitaine Bois et l’adjudant Vincenot. C’est à huit heures et demie du matin, exactement, que le commandant Voyer donnait l’ordre « lâchez tout » aux aérostiers du 1er génie, sur la terrasse des établissements de Chalais-Meudon. L’adjudant Vincenot embrayait aussitôt le moteur, et le dirigeable République », louvoyant contre le vent d’Ouest, passait au-dessus de Meudon, traversait Paris et planait, trois quarts d’heure plus tard, sur les usines Lebauy, où furent construites, sous la direction de M. Julliot, les pièces mécaniques de son assemblage. De là, piquant dans le vent qui devenait plus violent, la République gagna Gonesse, Villiers-le-Bel, passa au-dessus de la forêt de Chantilly. A onze heures, le ballon était à la hauteur de Senlis, et toute la population de cette ville, ainsi que le 2e hussards, acclamaient chaleureusement ses trois passagers. A ce moment, la République se rapprocha du sol à un tel point que l’on crut que son pilote voulait atterrir. Il n’en était rien. Le dirigeable se redressa aussitôt et, s’élevant à trois cents mètres, dépassa Verberie, atteignit Pont-Sainte-Maxence à midi 10 et Compiègne à midi et demi. Les ovations n’y furent pas moins chaleureuses qu’à Senlis, et les habitants virent, à regret, le dirigeable virer majestueusement sans s’arrêter, au-dessus du château et reprendre la direction de Paris. A une heure et demie, il repassait au-dessus de Senlis, luttant aisément contre le vent, et, à deux heures, notre dirigeable militaire était au-dessus de Paris pour la seconde fois. Il louvoya un peu à la hauteur de Vincennes et, à 3heures10, il atterrissait avec la plus grande facilité à la terrasse de Chalais-Meudon, après être resté six heures trente minutes dans les airs, conformément au programme qui lui avait été fixé. D’après les appareils enregistreurs, le dirigeable s’est élevé jusqu’à 650mètres d’altitude au cours de son voyage, qu’on estime à plus de 200 kilomètres. Il avait emporté 420kilos de lest, dont il dépensa 230 en cours de route ; il lui restait donc 190 kilos de lest, ce qui lui eût permis de continuer son voyage. S’il n’eut été limité par le programme ministériel. L’expérience a été couronnée de succès. Ce voyage est le plus long qu’ai effectué le République, depuis le 19 mai, date de son gonflement. En juin et Juillet, le dirigeable fit, à Moissan, ses premières sorties, piloté par M. Juchmès, emmenant, à plusieurs reprises, M. et Mme Lebaudy. Le 31 juillet, il accomplissait le voyage de Moissan à Chalais-Meudon ; depuis, il ne se passa guère de jour qu’il ne sortit et l’on n’a pas oublié son excursion, le 31 aout, à Rambouillet. Cette performance accomplie, le dirigeable République est considéré comme étant tout à fait au point. Les ingénieurs vont donner à présent tous leurs soins au Lebaudy qui, agrandi et modifié, servira, dés le 15 septembre à l’instruction des équipages des aéropostiers. Articles et gravure relevés dans le petit journal illustré du 20 septembre 1908. |
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