Les grandes réformes militaires (1904) |
Présentation des
armes avec le fusil sur l'épaule.
Le ministre de la guerre a adressé récemment aux commandants de corps d'armée la circulaire suivante : J'ai l'honneur de vous faire connaître, que j'ai arrêté le texte suivant relativement à la manière dont les honneurs doivent être rendus par les troupes. Les honneurs sont rendus : Par les hommes armés du fusil, avec l'arme « sur l'épaule droite » Par les hommes armés d'un sabre ou de la lance, au « port de l'arme » Si la troupe est déjà dans la position prescrite, son chef commande : « Garde à vous ! »et tourne la tête du côté de la personne à laquelle les honneurs sont rendus. Général L. André ; Veut-on savoir, à ce propos, comment on rendait jadis les honneurs militaires ? Au temps des piquiers et des hallebardiers, le soldat appuyait à terre le bois de son arme, en tenant le fer à la hauteur et au milieu du visage. Sous Henri IV , une ordonnance fut rendue prescrivant aux troupes, lorsqu'elles rendent les honneurs, de tenir le mousquet entre le bras gauche et la poitrine, avec les deux mains croisées sur la batterie. Il en fut ainsi jusqu'en 1787. Les réformes de ce genre étaient moins fréquentes alors qu'aujourd'hui... Après la guerre d'Amérique, nouvelle ordonnance qui prescrit pour les officiers jusqu'au grade de colonel, de porter l'arme dans le bras droit ; pour les maréchaux de camp, dans le bras gauche ; pour le roi et les ministres, devant le milieu du corps. Sous la révolution, on porta simplement l'arme dans le bras droit pour tout le monde. Napoléon décida, en 1804, qu'on porterait les armes aux officiers inférieurs et qu'on les présenterait aux officiers supérieurs. Ce règlement fut suivit près d'un siècle. Il y a deux ans, le général André jugea bon de le modifier et décréta que les hommes rendraient les honneurs l'arme au pied. Mais il faut croire que cette décision ne lui donna pas les résultats qu'il souhaitait, puisqu'il vient de supprimer sa précédente ordonnance en décidant que, dorénavant, les honneurs seraient rendus avec l'arme sur l'épaule droite. Ce sont là, n'est-il pas vrai ? Des réformes dont le besoin se faisait singulièrement sentir. Au reste, et puisqu'il s'agit de réformes militaires, laissez-moi vous citer un fait typique. Vous n'ignorez pas qu'il y a trois mois on modifia la tenue des gendarmes. Le bicorne – terreur des malandrins – fut supprimé, ainsi que les gants à Crispin et les bottes, les fameuses bottes traditionnelles. Or figurez vous que, jusqu'à présent, le ministère n'a pris encore aucune décision pour chausser le pauvres gendarmes. On peut se passer de bicorne et de gants, à la rigueur... Mais un gendarme sans bottes...ce n'est plus un gendarme . Ces dignes représentants de l'autorité sont réduits à mettre des souliers comme vous et moi et à serrer leur pantalon avec des pinces comme en emploient les cyclistes lorsqu’ils montent à cheval. Quelle déchéance ! L'ardeur réformatrice du général André devrait bien prendre en pitié les gendarmes, car ce n'est pas tout que de supprimer, il faut songer à remplacer ce qu'on a cru devoir détruire. Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 21 août 1904. |
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