Effroyable accident de chasse
 ( Nord 1906)



Le petit journalUne jeune fille de quinze ans tuée par sa sœur.
 
Un chasseur d’un village du Nord était allé, ces jours derniers, avec un ami, à la chasse au canard. Ses deux filles, âgées de vingt et quinze ans, qui savaient où se trouvait la hutte dans laquelle leur père s’était installé pour la journée, avaient projeté d’aller les surprendre et s’étaient mise en route, emportant quelques friandises qui devaient venir s’ajouter au menu du repas improvisé par les chasseurs. Quand les deux sœurs arrivèrent au marais où était construite la hutte, elles ne rencontrèrent personne. Les chasseurs, voyant que le gibier s’obstinait à ne pas s’abattre au milieu des appelants, étaient allés déjeuner dans une auberge voisine, pour reprendre la chasse à leur retour. En attendant qu’ils revinssent, les jeunes filles entrèrent dans la hutte.
Un fusil était resté là, le canon engagé dans le créneau. Par plaisanterie, l’ainée dit à la sœur cadette :
-Regarde, je vais faire comme papa.
Et mettant la crosse à l’épaule, elle fit mine de tirer sur les canards en bois disposés au centre de la mare, devant la hutte.

-Attends, lui dit sa sœur, je vais aller dehors voir si tu vise bien.
La jeune fille se penchait au bord de la mare pour regarder si le fusil était bien dirigé vers les canards, lorsqu’un coup partit. La malheureuse enfant tomba raide morte. Les plombs lui étaient entrés dans l’œil et l’avaient foudroyée.
La sœur aînée, qui ne savait pas l’armé chargée, avait machinalement pressé sur la détente. Elle s’évanouit quand elle vit l’affreux malheur causé par son imprudence. Depuis lors son désespoir est effrayant. On est obligé de la surveiller pour l’empêcher d’attenter à sa vie.
  
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 30 décembre 1906.




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