Entrevue du roi d’Espagne et de sa fiancée à Biarritz
 1906



Le petit journalL’arrivée de S.M. Alphonse XIII à la villa Mouriscot
 
L’idylle royale a commencé sur le territoire français. La princesse de Battenberg, son fils, le prince Henri, et sa fille la princesse Ena, étaient venus s’installer à la villa Mouriscot à Biarritz, en un site délicieux.
C’est là que le jeune roi d’Espagne est venu faire sa cour à sa fiancée. Le temps n’est plus où les princes s’épousaient sans se connaitre.

Alphonse XIII avait en maintes fois l’occasion de rencontrer la princesse Ena, et tout récemment encore, en Angleterre, lors du voyage qu’il fit dans ce pays au printemps dernier. La princesse Ena de Battenberg venait de faire son entrée dans le monde, dans un bal donné au palais de Kensington et auquel assistait le roi Edouard. Peu après ce début, la princesse Ena figurait comme demoiselle d’honneur au mariage de sa cousine, la princesse Marguerite de Connaught.

La princesse Ena est l’unique fille de la princesse Henry de Battenberg, plus généralement connue sous le nom de princesse Béatrice; Elle est donc la propre nièce du roi Edouard. Née à Balmoral, le 24 octobre 1887, elle reçut au baptême les noms de Victoria-Eugénie-Julia-Ena.
Lors de sa naissance à Balmoral, les journaux anglais insistèrent sur ce fait qu’elle était le premier enfant royal venu au monde en Ecosse depuis Charles 1er (1600).

La reine Victoria et l’impératrice Eugénie servirent à la jeune princesse de marraines, et l’on a pu voir qu’elle porte leur nom à l’une et à l’autre. Ajoutons qu’elle est l’enfant gâtée de l’impératrice Eugénie.
La princesse Ena, qui n’a pas encore dix-huit ans révolus, est aujourd’hui une fort gracieuse jeune personne. Elle est d’un extérieur agréable; elle des yeux bleus et de ravissants cheveux clairs, bouclés et singulièrement abondants. Elle est bien douée naturellement et a reçu une éducation très soignée. Dans l’ile de Wight, où le prince Henry de Bettenberg fait de longs séjours, la princesse Ena jouit d’une extrême popularité .

Ennemie de l’étiquette, ignorant tous préjugés sociaux, la princesse Ena n’a pas cette indifférence pour le peuple trop souvent professée par les princesses de sang royal.
Depuis trois ans, elle est la présidente d’une association de jeunes couturières de l’île de Wight; elle inaugura souvent, en cette qualité, des bazars de charité, et, le mois dernier encore, elle présidait en personne une réunion du comité de l’association.

La jeune fille est une musicienne accomplie, et elle exécute parfois des concerts de musique de chambre avec sa mère, son frère et la princesse Béatrice de Saxe-Cobourg, sa cousine. Peu de personnages royaux parlent autant de langues que la future reine d’Espagne, qui s’exprime couramment en français, en allemand et en danois, sans compter l’anglais- et l’espagnol, qu’elle étudie depuis quelques mois.

Au cours d’une excursion qu’elle fit ces jours derniers à Saint Sébastien avec son futur époux, le peuple espagnol lui fit un accueil enthousiaste.
Voilà qui est d’heureux augure.
 

Article  et gravure relevés dans le petit journal du 11 février 1906




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