Les
inventaires dans les églises, ordonnés en vertu de la loi de
séparation, ont été à Paris et dans plusieurs régions, l’occasion
d’échauffourées et de rencontres sanglantes.Dans le département de la Haute Loire, la résistance des habitants s’est manifestée avec une vigueur toute particulière. En cette contré ou jadis furent si âpres les luttes entre catholiques et protestants, les évènements d’aujourd’hui devaient fatalement produire une émotion considérable.
Partout, les villageois accueillirent avec hostilité les fonctionnaires de l’enregistrement et les agents de l’autorité. A Saugues, à Champels, à Rosières, en maintes autres communes, il y a eu conflit entre les gendarmes et les habitants.
A Montregard, un véritable combat s’est engagé. Le percepteur de Montfaucon, chargé de l’inventaire dans cette commune, a dû se réfugier dans la mairie avec son escorte de gendarmes. Assiégés par la foule, ceux-ci ont tiré des coups de revolver. Enfin, forcés de quitter la mairie, poursuivis par les habitants, le percepteur et les gendarmes essaient de gagner la route de Montfaucon. Mais la foule les rejoint, les attaque à coups de fourches et de bâtons. Le percepteur tombe, à demi assommé, un gendarme est blessé. Les autres font feu sur les assaillants, en blessent plusieurs. Heureusement une voiture arrive de Montfaucon. Les gendarmes y hissent les blessés, puis ils y montent eux-mêmes, et ils peuvent échapper ainsi aux ressentiments de la foule.
Des faits du même genre ont ensanglanté d’autres régions.
Aussi, accueille-t-on, de toutes parts, avec satisfaction, l’espoir que des mesures seront prises pour amener une détente et mettre un terme à cette situation si périlleuse pour la tranquillité du pays.
Article et gravure relevés dans le petit journal du 18 mars 1906