Tableaux du Paris nocturne
 (1907)



Une rafle dans un bar.
Les méfaits, de plus en plus nombreux commis ces temps derniers par les apaches, cambrioleurs et malandrins de toutes sortes qui infestent Paris, et les plaintes continuelles des honnêtes gens, ont décidé la police à agir.

Plusieurs rafles ont été opérées dans les quartiers excentriques et aussi dans certains bars avoisinant les boulevards, où la pègre parisienne tient ses assises.

Une descente de police dans cet établissement louches, est une opération qui s’effectue généralement sans à coups et avec célérité. Agents de la sureté et gardiens de la paix envahissent le logis suspect et en cueillent les familiers avant que ceux-ci aient eu seulement le temps de dire ; ouf !... La seule préoccupation des gredins est alors de se débarrasser des armes qu’ils portent sur eux ; revolvers, couteaux, tiers-points, coup de poing américain. Ils n’y réussissent pas toujours tant l’irruption de la police est soudaine. On leur passe alors le cabriolet, cette jolie petite chaine souple et discrète qui a remplacé avantageusement les lourdes menottes, et en route pour le poste !

Là, on les fouille, on dresse leur « état civil », et ils subissent un premier interrogatoire du commissaire de police. Ceux qui ont des papiers et qui peuvent exciper des moyens d’existence réguliers et d’un domicile sont relâchés, les autres sont gardés et envoyés, le lendemain, au dépôt.
Malheureusement, le petit journal la maintes fois déploré, le parquet relâche à son tour le plus grand nombre des rôdeurs qui lui sont déférés. De telle sorte que les rafles manquent absolument leur but. Ce sont continuellement les mêmes individus qui s’y font prendre et régulièrement sont remis en liberté par le parquet.

Ce n’est pas encore par ce moyen qu’on ramènera la sécurité dans les rues de Paris et qu’on diminuera le nombre des vols, des cambriolages et des attaques nocturnes.
 

Article et gravure relevés dans le petit journal du 3 mars 1907.



Retour aux articles