Quinze pontonniers précipités dans
l’Isère… Quatre noyés. A l’occasion d’une tournée d’inspection accomplie par le général Vieillard, des manœuvres de pontage avaient été ordonnés près de Grenoble, à l’îlot de la Chantourne.
Au début de la manœuvre, de la rive gauche à l’îlot, un câble fut tendu, et une embarcation destinée à tenir lieu de bac, fut amenée près de la berge. Quatorze hommes et un officier, le lieutenant Chie y étaient montés quand, en sautant lourdement dans la barque, un caporal lui imprima un fort balancement. Dans un mouvement instinctif, les quatorze sapeurs qui étaient debout sur le plancher de l’embarcation, se portèrent tous du même côté. Un grand cri s’éleva : le bateau venait de chavirer et les malheureux, qui le montaient, venaient d’être précipités dans l’Isère.
Il y a, à cet endroit, un courant terrible, qui annihila, malheureusement, les efforts des sauveteurs. Pourtant, ceux-ci se montrèrent admirables de dévouement, et c’est avec raison que, tout le premier, le petit journal a demandé pour eux de justes récompenses.
L’un d’eux, le sapeur du génie Berthet, fut victime de son courage. Entraîné par un de ces camarades qu’il tentait de sauver, il disparut dans le fleuve. Son corps fut retrouvé le lendemain, à sept kilomètres de Grenoble.
Le lieutenant Roche, qui parvint à sauver deux hommes, pleurait de douleur de n’avoir pu en sauver davantage.
Malgré le courage des sauveteurs, quatre hommes ont perdu la vie dans cet affreux accident. Mais le deuil eût été plus grand encore si le noble esprit de solidarité qui anime nos braves soldats n’avait suscité là les plus beaux dévouements.
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 22 juillet 1906.