Dans une pension de famille de Hambourg: Ribbentrop arrêté dans son lit (1945)



L’ex-ministre du Reich dissimulait du poison dont il n’eut pas le temps de se servir.
 On mande du G.Q.G. ,du groupe d’armées alliées que l’ancien ministre des Affaires étrangères du Reich, Joachim Von Ribbentrop a été arrêté à Hambourg par un lieutenant britannique.
Ribbentrop se trouvait dans son lit, et était en possession de trois lettres dont une pour le maréchal Montgomery, la seconde adressé à M. Churchill et la troisième à M. Anthony Eden, et d’une capsule de poison.
Von Ribbentrop était arrivé à Hambourg le 30 avril et après qu’un marchand de spiritueux, qu’il connaissait depuis 25 ans, eut refusé de lui donner asile, il s’installa dans une pension de famille où, sous le nom de Riese, il avait l’intention de rester jusqu’à ce que « l’opinion britannique soit calmé ».
«Ensuite je me serai rendu et aurais eu un procès équitable » a-t-il déclaré.
L’arrestation eut lieu le 14 juin. Après s’être assuré de son identité, on ordonna à Von Ribbentrop de s’habiller. Les lettres furent trouvées dans ses vêtements. Celle adressée à M. Churchill portant comme suscription « Vincent » Churchill.
Von Ribbentrop a été confronté avec le marchand de spiritueux qui l’a reconnu et avec sa propre sœur, arrêtée précédemment. Celle-ci s’est jetée à son cou et a fondu en larmes. Ribbentrop s’est également montré très ému. Depuis il observe une attitude passive.
Le bruit avait couru ces dernières semaines que Von Ribbentrop avait été arrêté par les Russes. Depuis son remplacement par le comte Schwerin Von Krosigk, il avait disparu de la circulation et on était sans nouvelles de lui.
 
Un homme dangereux
Joachim Von Ribbentrop, ancien représentant en Champagne et, pendant un certains temps, ambassadeur d’Allemagne à Londres, a été directement ou indirectement responsable de la politique étrangère allemande pendant presque toute la durée du régime nazi. Un des ambassadeurs de Grande Bretagne avait déclaré un jour que c’était «  Un homme dangereux, stupide aussi et donc doublement dangereux ».
Au surplus il était un bel homme, il avait reçu une éducation de « gentleman » parlait bien l’anglais et le français. Ces avantages en imposèrent au rustre Hitler, qui ne fréquentait pas des gens si distingués. M. de Ribbentrop acheva de le prendre par la flatterie.
Quant à Hitler, il considérait son ministre des Affaires étrangères comme un « second Bismarck » et lui demandait conseil sur tous les problèmes internationaux.

  
En bonne place, sur la liste des criminels de guerre
  Von Ribbentrop est né en 1893, nommé ministre des Affaires étrangères en 1936, c’est lui qui conclut l’alliance militaire avec l’Italie ainsi que, le pacte germano-russe en 1939.
Le nom de Ribbentrop figure en bonne place sur la liste des grands criminels de guerre préparée par les différentes nations alliées.
En conséquence, il ne saurait être question pour lui d’un autre traitement que son transfert devant un tribunal.
 
 
Article relevé dans la Nouvelle République du 17 juin 1945.





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