J'ai perdu un camarade (Poitiers 1945) |
Jacques
Levrault est mort. Il fut pour moi pendant de nombreuses années à
l’école primaire de la rue Jules-Ferry, puis à l’école primaire
supérieure de Poitiers, un camarade et un ami avec lequel j’aimais
m’entretenir. D’une intelligence remarquable, d’une capacité de travail
étonnante, il entreprit seul en plus de son labeur ordinaire, l’étude
des langues orientales. Passionné des sciences célestes, je me souviens
qu’il étonnait écoliers et même professeurs de ses connaissances en la
matière. Reçu sixième à l’école des langues orientales de Paris, un
avenir brillant s’ouvrait devant lui. Il le sacrifia à la France avec
cet élan et ce cœur qui lui étaient propres. Assassiné le 4 décembre
1943 à Wolfenbuten où il avait été déporté pour son action dans la
résistance, il restera pour tous ses anciens camarades un exemple à
méditer.
Mme Levrault n’avait plus qu’un espoir; celui de voir revenir son mari. M. Roger Levrault, également déporté. Hélas ! Après le fils, c’est le père qui fut victime de la barbarie allemande. On vient d’apprendre en effet que M. Levrault père était décédé en Allemagne le 24 décembre 1944. A Mme Levrault et à ses deux fils, au nom de tous ses camarades d’enfance et d’école, j’apporte ici le témoignage de ma très grande sympathie. R. Touraine. Article relevé dans la Nouvelle République du 6 juin 1945. |
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