Le vendéen Armand Giraud, qui a fêté ses 100 ans hier, fut responsable de la résistance en Vendée-Poitou et déporté à Buchenwald. Sa femme et lui figurent au “livre des records”, en tant que plus vieux couple français.

Si devenir centenaire est aujourd’hui de moins en moins original, Jeanne, née le 27 novembre 1899, et Armand Giraud, son aîné de quelques mois (il est né le 5 janvier de la même année) constituent cependant une rareté: ce couple de centenaires de Luçon (Vendée) figure au livre des records en sa qualité de plus vieux couple de France et peut-être même d’Europe: Jeanne et Armand se sont mariés le 3 avril 1998 et ont fêté l’an passé, chose rarissime, leurs noces de chêne.
Cette exceptionnelle longévité est d’autant plus remarquable que la vie d’Armand n’a pas été de tout repos. Instituteur franc-maçon, révoqué par le régime de Vichy, haut responsable de la résistance locale, Armand a passé 21 mois dans l’enfer du camp nazi de Buchenwald: quand les américains l’en ont libéré, il ne pesait plus que 35 kilos.

Durant l’occupation, Armand Giraud avait été recruté au sein du réseau OCM (organisation civile et militaire) un groupe de résistance plutôt marqué à droite, très anticommuniste, alors qu’Armand pencherait plutôt à gauche tout comme son ami Bouriau, secrétaire du syndicat des instituteurs de la Vienne, recruté en même temps que lui. Le recruteur n’est autre que “ Jérôme”, alias Didier Delahaye, responsable du secteur de Poitiers de l’OCM, et basé à la Chapelle Saint Laurent (Deux-Sèvres)

Responsable de secteur en Vendée, Armand Giraud est arrêté le 12 août 1943: son nom a été lâché sous la torture par un de ses camarades de combats niortais. Il est à son tour arrêté, à Luçon, torturé (il tente de se suicider) et déporté à Buchenwald.
Ces années mouvementées n’ont pas empêché Armand et Jeanne de fonder les français de Vendée d’y créer le concours de la résistance et de la Déportation. Deux siècles de vie bien garnis, Somme toute.


Article relevé dans la Nouvelle République du 6 janvier 1999.