Le procès Pétain commencera le 28 juin ( Paris 1945)


Paris 8.- Assisté de Me Paven et Isorni, Philippe Pétain a été de nouveau interrogé ce matin par la commission d’instruction de la Haute-Cour. L’interrogatoire, comme les précédents, fut assez décousu.
Au sujet de Ménétrel, l’inculpé a déclaré qu’il n’avait jamais eu de rôle politique et c’est tout a fait accessoirement qu’il devint le chef de son secrétariat particulier.
Pétain a ensuite dit que l’armistice avait été examiné en conseil des ministres et qu’il n’enleva aucune objection.
Il ne se souvient ni d’avoir parlé à M. Michel Clemenceau de cet armistice inévitable, ni d’avoir envoyé à l’amiral Robert, haut commissaire aux Antilles, un télégramme pour lui prescrire le sabordage de la flotte, la destruction des avions et lui ordonner de noyer l’or de la banque de France.
L’inculpé a affirmé qu’il n’avait jamais donné son agrément à la nomination de Darnand comme commissaire au maintien de l’ordre.
Au sujet des patriotes condamnés a mort par la section spéciale de justice en application de la loi du 14 août 1941 alors qu’en première instance ils n’avaient été condamnés qu’à 2 ans de prison cette loi aggravant les pénalités prévues par les lois précédentes. Pétain a répondu qu’il s’était trouvé devant le fait accompli « De plus a-t-il ajouté. Je n’ai jamais donné à Pucheu une délégation pour mon droit de grâce. Et j’ai également protesté auprès de Barthélémy lorsqu’il furent guillotinés en lui disant; «C’est un scandale».
L’inculpé a remis trois notes à la commission: la première concerne le conseil de justice qui condamna à l’emprisonnement les anciens ministres avant qu’ils ne fussent jugés à Riom; la seconde concerne le sabordage de Toulon et la troisième a trait au message de Pétain adressé aux ouvriers déportés.
Une sorte de mémoire tenu jour par jour, par la femme de Pétain et qui retrace l’odyssée du couple depuis son départ jusqu’à son retour en France a été versé au dossier.
Me Payen et Isorni ont demandé par lettre l’audition de divers témoins.
On apprend enfin que la date du procès a été fixe. Il aura lieu le 28 juin et vraisemblablement au Palais de Chaulot.


Article relevé dans la Nouvelle République du 10 juin 1945.



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