A qui profitera la jacquerie champenoise ? Au fraudeur allemand


Gallica/BNF

Au pays du Champagne : le vignoble, le vin / C. Moreau-Bérillon,... ; C. Moreau-Bérillon,...
Au pays du Champagne : le vignoble, le vin / C. Moreau-Bérillon,... ; C. Moreau-Bérillon,...
Source: gallica.bnf.fr


Éloge du vin de Champagne : le conquérant vinicole... / [Signé : Nevo]
Éloge du vin de Champagne : le conquérant vinicole... / [Signé : Nevo]
Source: gallica.bnf.fr


Oui ! Au fraudeur allemand… De ce côté-ci de la frontière on pille, on saccage les celliers, on brûle les vignes. Ceux-là mêmes qui vivent de l’industrie du champagne s’acharnent à détruire leur gagne pain. De l’autre côté, on travaille à force, on fabrique des quantités de faux champagne. Les vignerons champenois ont inondé les caves et les ruisseaux de bon vin; les fraudeurs allemands inonderont les marchés de faux champagne. La folie des uns profitera aux autres.
Naguère l’Allemagne, comme toutes les autres nations du monde, était tributaire de notre champagne pour les vins mousseux. Mais l’Allemagne est le pays de la contrefaçon. Le développement de jour en jour plus considérable de l’industrie des vins de champagne devait fatalement exciter son génie de la fraude. Les fabricants allemands se mirent à champagniser les vins du Rhin et les vins du Neckar et à les vendre comme vrais champagnes. Le succès de l’entreprise devait les entraîner plus loin. On fait maintenant en Allemagne du «champagne» avec des poires, avec des pommes, avec toutes sortes de fruits et toutes sortes de mixtures.
C’est devenu une industrie nationale.
Les événements criminels qui viennent de se dérouler dans la marne ne sont pas faits pour arrêter son essor. Tous ces vignobles incendiés, tous ces muids vidés au ruisseau, ces millions de bouteilles brisées, c’est autant de perdu pour l’industrie française, c’est autant de gagné pour la contrefaçon allemande.
Les vignerons champenois auront tout loisir de pleurer sur les ruines qu’ils ont amoncelées… En attendant, le fraudeur allemand profite de leur aveuglement et s’en réjouit.


Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 30 avril 1911.


Retour aux articles.