Saint-Cyr et le Musée des souvenirs ( 1919)


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Souvenirs sur le prytanée de Saint-Cyr, sur la campagne de 1814, le retour de l
Souvenirs sur le prytanée de Saint-Cyr, sur la campagne de 1814, le retour de l'empereur Napoléon de l'île d'Elbe et la campagne de 1815, pendant les Cent-jours / par M. Lefol,...
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École militaire de Saint-Cyr.... Une conférence sur le commerce des chevaux, par L. Goyau,...
École militaire de Saint-Cyr.... Une conférence sur le commerce des chevaux, par L. Goyau,...
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France - École Saint Cyr, tenue de route : [estampe]
France - École Saint Cyr, tenue de route : [estampe]
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Le premier bataillon de France, soucieux de célébrer la mémoire des faits glorieux accomplis dans la guerre par les Saint-Cyriens, aura désormais un « Musée du souvenir » où les élèves des promotions futures, en contemplant pieusement les reliques glorieuses de leurs ainés, iront s’inspirer de leur exemple.
Ainsi se perpétuent les nobles traditions de notre grande école militaire.
De tout temps, en effet, ce nom de Saint Cyr fut inséparable de la gloire militaire de la France.
Avant d’être la pépinière où se recrutent les officiers de notre armée, l’école fut, durant un siècle, l’asile réservé aux filles nobles dont les parents avaient versé leur sang pour le pays. C’était la « Maison des Dames de Saint-Louis » Mme de Maintenon en fut la fondatrice.
Hardouin Mansart éleva en 1685, les bâtiments de l’école. Deux mille cinq cents ouvriers furent employés à cette construction. Un an après la maison était en état d’être meublée.
L’Œuvre d’éducation féminine subsista jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. La Révolution supprima Saint-Cyr et profana le tombeau de la fondatrice. Les bâtiments d’Hardouin Mansart furent transformés en hôpital militaire, puis en un hôtel d’invalides, enfin en une école militaire nommée le Prytanée français.
Le 24 mars 1808, un décret de Napoléon 1er transférait ce prytanée à la Flèche et plaçait à Saint-Cyr l’école spéciale militaire qui existait auparavant à Fontainebleau.
Depuis lors, l’école a pris une importance dans le recrutement de nos officiers d’infanterie et de cavalerie, et Saint-Cyr se glorifie justement d’avoir fourni à l’armée la plupart de ses illustrations.
Sous l’empire, le fonctionnement de l’Ecole fut assez irrégulier; les études ne s’achevaient guère; des Réquisitions anticipées réclamaient sans cesse les élèves officiers pour les besoins de la guerre. Mais que d’admirables soldats en sortirent !
C’était cette génération belliqueuse dont parle Alfred de Vigny, cette génération qui «  nourrie de bulletins par l’empereur, avait toujours devant les yeux une épée nue ». Les enfants, alors, ne rêvaient que gloire et combats. Dés le collège, ils songeaient à la carrière militaire. N ‘avaient-ils pas, pour les entrainer, l’exemple de tous ces fils du peuple devenus généraux, maréchaux d’empire, et qu’ils voyaient passer fiers et superbes, caracolant dans le cortège éblouissant du nouveau César ?…
« Notre but, écrit le général de Brack, c’était la gloire. Il était vaste, ce but, comme l’époque immense à laquelle vivait notre jeunesse, et cette ambition était permise à une carrière si chanceuse où, chaque jour, la mort et la gloire pesaient également dans la balance. »
Etre officier, tel était le rêve de tout jeune français…  « Tout soldat, dit le général Foy, sachant lire et écrire, exerçant sur ses camarades une influence quelconques d’opinion et qui ne sourcillait pas à l’approche du danger, était sur d’arriver, si la mort lui en laissait le temps… Etre officier, c’était alors être homme de qualité; devant l’habit militaire, tout s’inclinait; devant la gloire militaire, toutes les autres gloires s’agenouillaient et se reconnaissaient vassales… »
On conçoit que Saint-Cyr ait exercé sur toutes ces jeunes imaginations un attrait irrésistible. Malheureusement, les élèves, à cette époque, n’avaient pas le temps de parfaire leur éducation; il leur fallait aussitôt se mettre en route pour l’armée.
En 1807, l’école fut à peu près vidée par les réquisitions. Sur tous les champs de bataille de l’empire, les anciens de Saint-Cyr se couvrirent de gloire. En 1814, les élèves, formés en bataillons firent bravement leur devoir. Ils se distinguèrent surtout à Montereau et à Nemours.
La Restauration essaya vainement de désorganiser l’Ecole et d’en faire une institution nobiliaire. Saint-Cyr, forte de ses traditions consacrées déjà par tant d’héroïsme, résista. L’école suivit ses destinées.
Son histoire ne saurait être ici résumée. C’est celle de nos conquêtes et de nos gloires, de nos triomphes et de nos douleurs. Dans toutes les campagnes de l’armée française depuis un siècle, Saint-Cyr a eu sa large part d’héroïsme. On sait quels services rendirent les élèves officiers en 1870 et avec vaillance ces jeunes gens menèrent parfois les vieux soldats au feu…
Les Saint-Cyriens de la grande guerre ont été dignes de leurs ainés. Le souci d’affirmer le mépris de la mort les a même poussés, au début de la guerre à des imprudences héroïques, certes mais funestes.
La chapelle de l’école abritera désormais les souvenirs de tous ces jeunes gens qui donnèrent leur vie à la patrie et jetèrent un lustre nouveau sur la gloire de la vieille école militaire française.
 
 
E.L.
 
 
Article  relevé dans le petit journal illustré du 13 avril 1919.



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