Effroyable incendie près de Rennes
 (1906)



Le petit journalUn asile départemental détruit par les flammes.
 
L’incendie qui a détruit l’asile de la Piletière, près de Rennes, a pris les proportions d’une véritable catastrophe.

Les hospitalisés y étaient au nombre de 320, soit 150 hommes et 170 femmes. Ce fut de la part de ces pauvres gens une fuite éperdue. Mais plusieurs de ces malheureux n’ont pu se sauver à temps et leurs cadavres ont été retrouvés affreusement carbonisés et méconnaissables.

Pourtant, quel dévouement admirable, quel héroïsme déployé par les sauveteurs ! Les pompiers de Rennes, les  soldats de la garnison ont accompli des prodiges de sang froid et de courage pour arracher aux flammes les pensionnaires de l’hospice.

Plusieurs ont été blessés grièvement. L’un d’eux, tombé d’une hauteur de douze mètres, s’est fracturé la jambe.
L’aumônier de l’asile, qui prenait, lui aussi, une part active au sauvetage, a été également blessé en portant secours à ses ouailles. Plusieurs sœurs de l’hospice, qui ont été admirables de dévouement, ont reçu de cruelles brûlures.

Ce sont des catastrophes de ce genre qui donnent l’occasion de se manifester à ce noble et généreux esprit de solidarité qui caractérise notre race. On nous croit trop volontiers sceptiques ; parfois, nous écoutons trop complaisamment ces tirades creuses des politiciens en quête de popularité qui prêchent l’égoïsme et la guerre des classes.

Mais qu’un danger éclate : tout le monde y court, car le sentiment d’humanité est le plus fort de tous ceux qui nous animent. Et, comme il advint à la Piletière, les héros inconnus se précipitent dans le péril ; ils accomplissent la tâche que leur commande leur conscience, et cette tâche remplie, ils rentrent chez eux, simplement satisfaits ‘avoir fait leur devoir.

Ce devoir, chacun l’a fait à la Piletière ; et c’est grâce à l’héroïsme des sauveteurs et à la promptitude des secours que le nombre des victimes n’est pas plus grand encore.
 
Article et gravure relevés dans le petit courrier illustré du 18 février 1906.




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