Les automobiles des postes sont la terreur de Paris
(1909)



L’une de ces voitures a pénétré dans un bazar faubourg Saint-Denis, enfonçant la devanture et brisant tout sur son passage.

Les automobilistes des postes jouissent de faveurs singulières. Alors que toutes les autres voitures sont soumises aux règlements de police et ne peuvent dépasser une certaine allure, ni empoisonner la rue de leurs fumées, tout leur est permis à elles. Ce sont automobiles d’état. Les agents ne verbalisent jamais contre leurs conducteurs. Cette impunité incite ceux-ci aux pires extravagances. Il ne se passe pas de jour que les autos des PTT ne causent quelque accident. On commence à ne plus compter leurs victimes.

Parmi ces accidents voici l’un des plus inattendus. Un de ces derniers matins l’une de ces auto-bolides descendait à toute allure le faubourg Saint-Denis; mais au coin de la rue de Dunkerque la voiture buta contre le trottoir et se jeta contre le rideau de fer devant la devanture du Bazar des deux gares. Le choc fut si violent que le rideau fut complètement démoli et que tout l’avant train du fourgon pénétra dans l’établissement: la vitrine fut réduite en miettes, la maroquinerie et les jouets broyés, un escalier en colimaçon donnant accès à l’appartement du premier étage démoli.

Jusques à quand les autos des PTT continueront-elles à semer la terreur par nos rues ?... C’est ce qu’un édile a demandé au préfet de police dans la dernière séance du conseil municipal.

Espérons que sa protestation sera entendue et que l’autorité se décidera à rappeler l’administration des Postes au respect des règlements et des lois.


Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 18 juillet 1909




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