Epouvantable catastrophe à San Francisco
 (1906)



Le petit journalTerrifiants effets du tremblement de terre.
Des spasmes terribles agitent le monde souterrain. Après la tragédie de Courrières, après l’éruption du Vésuve, voici qu’un tremblement de terre d’une violence inouïe détruit une des villes les plus considérables des Etats-Unis, San-Francisco, la « perle du Pacifique ».
La puissance de cette grande cité était née de la découverte des mines d’or de la Californie. Lors de cette découverte, San-Francisco n’était qu’une misérable bourgade d’un millier d’habitants. Quatre ans plus tard, en 1852, elle en comptait près de 35.000. Ce n’était alors qu’une ville de bois, ou l’incendie sévissait constamment. Détruite par le feu en 1849 et en 1851, elle fut alors reconstruite en pierres et en briques.

Dés lors, sa population se développa avec une étonnante rapidité. En 1860, elle avait 56.802 habitants ; en 1870, près de 150.000 ; plus de 233.000. en 1896, elle atteignait 350.000.
C’était une ville pittoresque, bâtie sur des pentes abruptes. Des funiculaires sillonnaient ses rues. Chacun de ses quartiers avait son caractère particulier, depuis le quartier de la rue de Montgomery, où s’élevaient les hôtels somptueux des millionnaires, jusqu’au quartier chinois, dont les ruelles étroites étaient bordées de hautes maisons où s’abritaient les fumeurs d’opium.
L’artère centrale était Market Street (la rue du marché) l’une de celles qui ont le plus souffert de la récente catastrophe.

La secousse du tremblement de terre a duré trois minutes. Il était cinq heures du matin. La ville dormait. Soudain, de tous côtés, les bâtiments s’écroulèrent, ensevelissant les habitants. Ceux dont les maisons sont restées debout s’échappent affolés, sans prendre le temps de se vêtir. Le quartier des affaires est spécialement éprouvé.
L’hôtel de ville, dont la construction a couté 7 millions de dollars (35 millions de francs) n’est plus qu’un monceau de ruines.

A l’horreur du tremblement de terre vient s’ajouter un autre danger. Les conduites de gaz, brisées par la secousse, s’enflamment de toutes parts. L’incendie ravage la ville ; les conduites d’eau sont rompues elles aussi. Aucun moyen d’enrayé le fléau.
Des milliers de personnes ont péri sous les décombres. Des milliers d’autres ont été blessés… Tous ceux que la catastrophe n’a pas atteints ont fui la ville ravagée.
Une fois de plus, ces forces souterraines, si mal connues, en dépit des progrès de la science, ont déchainé la ruine et le deuil.

Leurs manifestations se succèdent depuis quelques temps, de plus en plus terribles…
Que nous réservent-elles pour l’avenir ?


 
Article et gravure relevés dans le petit journal du 26 avril 1906.




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