Les apaches se révoltent
 (1907)



Il ne s’agit plus, aujourd’hui, de nos malfaiteurs parisiens auxquels leur férocité a fait donner le nom d’Apache… Ce sont les vrais
Apaches qui, cette fois, poussent leur cri de guerre.

Là-bas, au fond de l »Arizona, sur les frontières de la Sonora mexicaine, les Etats-Unis ont parqué les derniers guerriers de cette tribu turbulente. Ils ne sont plus guère nombreux, les vrais Apaches ; quatre ou cinq mille dans l’Arizona et quinze cents environ dans le Nouveau-Mexique.
Depuis quarante ans, les Américains les ont décimés avec une telle ardeur que c’est merveille qu’il en reste encore.

En 1862, James Carleton, gouverneur du nouveau Mexique, en fit un massacre considérable et donna pour instructions à ses agents de les exterminer sans pitié. En 1869, dans l’Arizona, le général Ord les faisait chasser comme des bêtes fauves ; en 1871, un campement d’Apaches, qui s’était formé près du Cap Grand, dans l’Arizona, fut exterminé par des bandes d’hommes armés venus de Tucson. On y tua 117 femmes en leur fracassant le crâne à coups de bâtons et de pierres.

Poussés à bout par de nouvelles atrocités, les apaches se révoltèrent en 1880, sous le commandement d’un chef nommé Victoria, mais ils furent rejetés dans le Mexique et exterminés par les troupes du général Terrasas.

A la suite de ce désastre, les survivants consentirent à s‘enfermer dans les réserves du gouvernement américain.
Aujourd’hui, la plupart des tribus peaux-rouges sont détruites ou conquises à la civilisation américaine.

Des unes il ne reste que quelques vagues échantillons ; les autres vivent paisiblement et s’éteignent peu à peu sous l’influence des whiskey et des brandys de qualité inférieure dont les conquérants leur ont révélé les charmes.
Seuls, les apaches et les Dakotas s’étaient jusqu’ici, montrés irréductibles.

Les premiers manifestent, en ce moment, des intentions belliqueuses à la suite du meurtre ‘un indien  de leur tribu par un fonctionnaire du gouvernement américain.

Les habitants de la région dans laquelle se trouvent les « réserves » où sont contenus les Apaches s’effraient de ces velléités de révolte et réclament la protection du gouvernement. C’est pour les américains une excellente occasion, dont-ils ne manqueront pas de profiter, de faire une nouvelle hécatombe de ces terribles Indiens. Dans quelques années d’ici, par la guerre, par la misère et par l’alcoolisme, la race sera définitivement anéantie ; et l’on ne trouvera plus d’« Apaches » que dans notre bonne ville de paris, ses faubourgs et sa banlieue.

 
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 21 juillet 1907



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