Un français assassiné au Maroc
(1907)



Le docteur Mauchamp, médecin du dispensaire de Marakech, lapidé par les indigènes.
La campagne menée au Maroc contre l’influence française continue à porter ses fruits. Un jeune savant français, un homme qui pourtant eut dû commander le respect et la reconnaissance, car il rependait les bienfaits autour de lui, le doteur Mauchamp, médecin du dispensaire de Marakech, vient d’être la victime d’une troupe de misérables fanatiques.

Le docteur Emile Mauchamp était un des médecins les plus distingués de la faculté de Paris. Il était spécialisé dans l’étude des maladies des enfants et il laisse un livre qui et un véritable chef-d’œuvre, sur l’allaitement artificiel des nourrissons par le lait stérilisé. Il avait été naguère médecin à l’hôpital français de Jérusalem. Et il y avait propagé les idées actuelles sur la puériculture, organisé des consultations infantiles, rédigé d’excellentes instructions pour l’allaitement des nouveau-nés.

Il s’était particulièrement distingué au cours des épidémies de 1901 et 1902.
Ses rapports personnels avec les autorités turques avaient toujours été excellents et il avait été l’hôte du Pacha d’Alep.
De Jérusalem, il était allé au Maroc, où il n’avait pas tardé à gagner toute la confiance du frère du sultan, qui réside au palais de Marakech.

Un médecin des hôpitaux de Paris, qui l’avait suivi avec le plus grand intérêt dans sa trop courte carrière, nous disait, dernièrement toute la perte que vient de faire notre école médicale:
« Mauchamp était la à Marakech, à l’intérieur du Maroc, comme un pionnier de la civilisation française. Il s’était fait, très vite, une nombreuse clientèle d’indigènes, d’Arabes, de musulmans, ce qui est admirable dans ce pays barbare, où toute la science médicale, où toutes les connaissances d’hygiène et de salubrité résident encore dans les seules pratiques de la sorcellerie.
Lors de son dernier voyage à Paris, il y a quelques semaines, il nous sembla attristé, découragé; il se disait à bout de forces, étant seul à la tâche, et il songeait à fermer son dispensaire de là-bas, où plus de cent cinquante personnes venaient le consulter chaque jour.

Il avait pourtant obtenu des résultats extraordinaires. Il avait installé, grâce à l’appui du gouvernement français, qui lui avait alloué une subvention, un petit hôpital de douze lits pour les indigènes. Mais ce qui le préoccupait, c’est que la nature du sol l’empêchait d’élever une construction en pierre pour abriter ses malades.

A peine de retour à Marrakech, le voici assassiné. Il avait été déjà, il y a six mois, victime d’une tentative criminelle de la part de Marocains fanatisés. Mais il avait pu mettre en fuite, à coups de revolver, les bandits qui voulaient l’assassiner.
Il y avait donc un grand courage de sa part à retourner dans ce pays où il avait failli, une première fois, perdre la vie. Il est réellement mort en héros. »

C’est au cours d’expériences de triangulation, auxquelles il se livrait avec le professeur genty, membre de la mission française à Marrakech, que le docteur Mauchamp a été assailli par une troupe d’indigènes fanatiques, lapidé et frappé de plusieurs coups de poignard.
Le petit journal a montré, mercredi dernier, qu’elle responsabilité encourt, dans les excitations, qui ont emmené cet assassinat, un certain docteur Holtzmann, juif syrien agent d’un syndicat allemand dont la présence à Marakech constitue un vrai danger pour nos nationaux et dont on ne saurait trop réclamer l’expulsion.

L’occupation d’Oudjda par nos troupes, les excuses et les et les compensations exigées du maghzen sont des mesures énergiques de nature à calmer momentanément les effervescences marocaines, mais il faut, hélas, et, pour l’empêcher dans la mesure possible, il importe dès à présent de dénoncer tous ceux qui déchainent contre notre influence la haine des fanatiques et le poignard des assassins.
 


Articles et gravure relevés dans le petit journal du 7 avril 1907.




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