Un tueur de tigre
 (1909)



Le capitaine Lavit et sa femme à l’affut.
Le capitaine d’Artillerie Lavit, détaché au service des travaux publics en Annam, est un chasseur dont les exploits valent ceux de Jules Gérard et des Bombonnel .

Depuis cinq ans qu’il est là-bas, vivant dans la brousse, sa carabine a déjà abattu un nombre considérable de bêtes féroces.

Il est la providence de toute une région, qu’il débarrasse d’hôtes dangereux et malfaisants. Son adresse fait merveille, surtout contre les tigres, dont il a fait une véritable hécatombe. Pourtant, sa première rencontre avec le « seigneur rayé » faillit lui être fatale. A la tête d’une escorte d’Annamites, il s’était mis à la recherche de l ‘animal. Dès que celui-ci apparut, les Annamites s’enfuirent comme un seul homme. Le capitaine se trouva seul, à dix mètres en face du tigre - Un monstre qui ne pesait pas moins de 400 kilos. Il ne perdit pas son sang froid, et visant tranquillement, il l’abattit d’une balle dans l’œil.

Depuis lors, le capitaine Lavit a poursuivi sa dangereuse carrière cynégétique. On l’appelle partout ou se montre le tigre; et il accourt. Mais il n’accourt pas seul. Depuis huit mois, le capitaine a épousé Mlle Berthe Champoudry, dont le père, actuellement administrateur du territoire de Date, fut naguère président du Conseil municipal de Paris. Et la jeune et vaillante femme partage toutes les fatigues et tous les dangers courus par son mari. Elle l’accompagne dans ses battues, elle est avec lui à l’affut. Elle fait preuve comme lui du plus admirable courage.

Notre gravure montre M. et Mme Lavit dans leur mirador à l’affût du tigre. Récemment en deux jours, ils ont tué trois tigres qui semaient la terreur dans le pays. Je vous laisse à penser s’ils sont bénis des indigènes dont les tigres décimaient les troupeaux et consommaient la ruine.

Mme Lavit a vingt ans. Le capitaine en a trente six. Après trois ans de service comme simple sapeur au 2e génie à Montpellier, il fut reçu à l’Ecole Polytechnique et en sortit dans l’artillerie coloniale. Il a fait deux ans à Madagascar, et depuis cinq ans, il est en Annam, occupé à tracer des routes et des chemins de fer. Sa vie dans la brousse est pleines d’aventures et d’actes de vaillance. C’est un de ces intrépides officiers qui, obscurément usent leur santé et exposent chaque jour leur vie au service de la France.
 
 
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 25 juillet 1909.




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