M.   Paul Déroulède et son défenseur (1899)

Depuis des semaines, Paul Déroulède, que le jury de la Seine avait envoyé des fins de la plainte portée contre lui, est, sans autre délit, emprisonné à la santé.

Il est nécessaire que l’on ait trouvé de nouvelles preuves contre lui, car nul citoyen français ne peut être poursuivi à deux reprises pour le même motif et, d’autre part, ce serait une sanglante injure faite au jury que de casser son jugement souverain.

Dans sa belle résignation de grand patriote, de pur républicain, d’honnête homme au-dessus de tout soupçon, Déroulède attend dans sa prison l’heure des débats.

Il parlera alors, il dira ce qu’il a sur le cœur, et sa voix retentira dans les coins les plus reculés de cette France qu’il aime avec tant d’ardeur chevaleresque.

Il sera secondé dans sa défense par une des gloires du barreau, un ancien bâtonnier de l’ordre, Me Oscar Falateuf, et les séances au cours desquelles ce dernier se fera entendre, seront intéressantes, on peut en être assuré.

Car le célèbre avocat est non seulement un juriste de premier ordre, un orateur haute envolée et le style impeccable, mais c’est encore un ironiste de verve extraordinaire. Il enlève, comme on dit, le morceau, et cela pourra être amusant… Pas pour tout le monde, bien entendu.

Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 24 septembre 1899.