La mystérieuse affaire de Bois-le-Roi
(1906)



Le petit journalLes magistrats découvrent, dans l’orangerie de Glatigny, des instruments suspects.
 
«  C’est une nouvelle affaire Gouffé », a-t-on dit de ce drame de Bois le Roi, dès qu’on en a connu les détails par les dépositions du docteur Hébert et les aveux de la femme Guérin-Pesnel.
Il y a, en effet, plus d’un point de ressemblance entre ce crime –manqué heureusement- et le sensationnel assassinat de l’huissier Gouffé qui passionna l’opinion voici seize ans… déjà !
Comme Eyraud et Gabrielle Bompard, les criminels d’aujourd’hui semblaient avoir pris de minutieuses précautions pour faire disparaitre leur victime. Cesbron et la femme Pesnel avaient évidemment préparé la perte du Dr. Hébert, on sait qu’ils avaient acheté sur une des grandes malles chapelières dans lesquelles il est aisé de dissimuler un corps humain. En outre, la découverte faite par les magistrats, dans l’orangerie de Glatigny- découverte dont notre gravure donne une reproduction fidèle- prouve assez que rien ne leur aurait manqué des outils nécessaires pour dépecer le cadavre et effacer la trace du crime.
Cette propriété de Glatigny se trouve sur le territoire de Versailles, à l’angle des avenues Jeanne- d’Arc et de Normandie. Elle se compose d’un terrain de 1.500 mètres de superficie, au milieu duquel s’élève, sur un tertre, l’ancienne orangerie. Cette orangerie est un bâtiment qui date du temps de Louis XIV.
Au mois d’octobre dernier, Cesbron, sous le nom de Guérin, avait acheté cette propriété ; c’est en voyant son portrait dans le petit journal que M. Règnier, gardien de Glatigny, avait reconnu en lui l’acheteur de l’orangerie.
M. Règnier s’empressa de faire part de sa découverte au juge d’instruction, et les magistrats décidèrent une perquisition.
Elle fut, comme on va le voir, couronnée de succès.
Dans l’ancienne orangerie proprement dite, au rez-de-chaussée, en dehors de la table et des chaises achetées par Guérin, les magistrats découvrirent cachés au fond d’un vieux poêle de faïence, un lourd marteau, des tenailles et des pinces.
Sous l’escalier qui menait à la grande salle du premier étage, un râteau, une bêche et une pioche solide furent trouvés sous un amas de paille.
Une cachette analogue, sous l’escalier qui mène du premier au colombier qui surmonte le bâtiment, réservait au juge d’instruction une découverte plus importante ; une scie de boucher, à main, de grande taille ; un rouleau de toile goudronnée de 1m50 de largeur et d’une longueur de 8 mètres ; puis dans des journaux des 27 septembre, 20 et 22 octobre, un veston de molleton belge, un pantalon gris foncé et une paire de chaussures en bon état. Enfin, dans la cave, la hache, la hache toute neuve comme la scie, le marteau, les tenailles en acier anglais.
En résumé, les différentes cachettes renfermaient tout ce qu’il fallait pour tuer un homme, le dépecer, l’empaqueter et, ensuite, pour pouvoir changer de vêtements.
Le docteur Hébert pourra se vanter de l’avoir échappé belle.
 
Article et gravure relevés dans le petit journal du 9 décembre 1906.




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