Humbles héros
(1907)



Les matelots de l’ « Iéna » enlèvent au péril de leur vie, les obus chargés qui se trouvent parmi les décombres du cuirassé.

On a rendu hommage et justice aux sauveteurs qui, lors de la catastrophe de l’Iéna, ont secouru leurs camarades et risqué leur existence pour arracher quelques proies à la mort. Mais il est d’autres héros qu’il convient de faire connaître et de récompenser. Ce sont les hommes intrépides qui, en ce moment, accomplissent la mission, dangereuse entre toutes, de débarrasser le cuirassé et le bassin de Missiéssy des projectiles qui, par les flancs éventrés du navire, glissèrent des soutes et se rependirent parmi les décombres.

De l’avis de la commission d’officiers réunie à cet effet, l’enlèvement de ces engins présente les difficultés les plus périlleuses et pourrait, en dépit des précautions les plus sévères, entrainer de terribles accidents. Il est à craindre, en effet, que les freins en plomb, qui constituent dans l’obus l’organe de sécurité de la fusée ne soient rompus. Il suffirait du moindre choc pour produire l’éclatement. Dans la soute arrière, il existait un approvisionnement de 135 obus. La commission a décidé d’employer, pour les enlever, le procédé dont notre gravure donne la reproduction.

L’accès du bassin a été absolument interdit. Les obus sont d’abord posés sur le culot, qui est la  seule position présentant le moindre danger ; ensuite, ils sont soulevés au moyen d’une « lanterne » et déposés sur des radeaux construits dans le bassin même ; enfin, cette dernière opération exécutée, le bassin sera rempli et les radeaux remorqués avec précaution, seront débarrassés, au large de leur contenu.

Ce travail s’effectue sous la direction de M. le capitaine de frégate Van Gaver, commandant en second de l’Iéna. Aux hommes de cœur qui l’accomplissent au vaillant officier qui les commande, on doit le même  hommage d’admiration qu’aux sauveteurs, car ils risquent leur vie pour prévenir de nouvelles explosions et empêcher une seconde catastrophe.
 
 
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 31 mars 1907.




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