Pendant la grève des inscrits maritime
(1907) |
Un
campement d’émigrants sur les quais du Havre.
Nous donnons plus loin des détails pittoresques et statistiques sur l’émigration qui s’accomplit régulièrement d’Europe en Amérique, par le port du Havre. C’est le samedi que les paquebots emportent, chaque semaine, vers New-York, la cargaison humaine qui afflue de tous les points de l’Europe centrale et méridionale. Mais cette fois, en raison de la grève des inscrits maritimes, les émigrants sont restés au Havre plus longtemps qu’ils ne le souhaitaient. Un certain nombre ont été mis à l’abri sous la grande tente des transatlantiques ; d’autres ont campé sur les quais et même dans les rues. Ces pauvres gens, accoutumés à la résignation par tous les ennuis qui accompagnent fatalement de tels exodes, ont subi stoïquement ce petit mécompte. Ils se sont installés de leurs mieux, formant un campement des plus pittoresques, devant lequel tous les curieux de la ville et des environs ont défilés. Que sont quelques jours de retard et quelques contretemps pour des gens qui en sont venus à la pire des extrémités, celle de s’expatrier à jamais ? Des individus originaires de toutes les nations voisinèrent ainsi sur les quais du Havre. Disons à ce propos que sur un million d’émigrants annuels, 300.000 viennent d’Italie, 150.000 de l’Autriche, le reste de la Russie, de la Grèce et de la Turquie d’Europe ou d’Asie. Trente cinq compagnies de transports se disputent cette clientèle lucrative de voyageurs. Jusqu’à ces dernières années, ce trafic profitait surtout aux compagnies allemandes. Nous sommes entrés dans la concurrence et, par l’organisation d’agences dans tous les pays d’où partent les émigrants et de trains spéciaux, nous avons détourné à notre profit une partie du courant. Actuellement, la Compagnie transatlantique transporte pour sa part environ 60.000 émigrants dans l’Amérique du Nord ; l’Etat de Pennsylvanie en absorbe le plus grand nombre ; ensuite viennent l’Illinois, l’Ohio et le Canada. Le Canada à lui seul en reçoit près de 150.000 par an. Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 16 juin 1907. |
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