L’humanité des cosaques (Galicie 1916)



Le petit journalEn Volhynie, en Bucovine, en Galicie, partout ou ils passent sur leurs petits chevaux alertes, les cosaques sont précédés de la légende plus que centenaire qui les représente comme des guerriers impitoyables, semant la terreur et la destruction autour d’eux.
Légende d’ailleurs absurde, et qui était déjà inexacte il y a cent ans.
Ceux qui vinrent à Paris en 1814 - ces cosaques effroyables que des proclamations officielles accusaient de manger les petits enfants - étaient en réalité de fort bons bougres très dociles, très disciplinés et fort obligeants pour la population. Les mémoires du temps le constatent a l’envi.
Mme d’Abrantés, notamment, rend pleine justice aux pauvres cosaques calomniés.
Mais les légendes ont la vie dure. Celle-ci revit aujourd’hui en Autriche en dépit de toute vérité.
Or, de quel côté est la sauvagerie ?
Le Novoï Vrémia citait l’autre jour un rapport remis à la commission d’enquête sur les atrocités allemandes et relatif au cas d’un cosaque brulé vif par les austro-boches, dans le village de S.
Les habitants de ce village ont déposé, en effet, que les soldats allemands leur avaient raconté qu’ayant pris vivant un cosaque caché dans un trou à pommes de terre, ils avaient d’abord tenté de mettre le feu à ses vêtement. N’ayant pu y parvenir, parce que les vêtements étaient mouillés, ils lui arrachèrent son uniforme, le saisirent par la tête et par les pieds, et le tinrent dans cette position au-dessus d’un brasier jusqu’à ce qu’il en mourut, ou plutôt, comme disent les allemands, jusqu’à ce qu’il crevât comme un chien. Les Allemands racontèrent qu’ils riaient surtout d’entendre le cosaque pousser des cris de douleur qui emplissaient tout le village.
Les paysans s’étant rendus à l’endroit indiqué par les allemands, trouvèrent une centaine de leurs compatriotes entourant un bucher qui achevait de se consumer. Les allemands leurs dirent alors: « Regardez comme nous avons fait cuire un cosaque! » Les paysans virent effectivement des ossements et un pied humains dont la peau était calcinée.
Les allemands réunirent enfin les os, ajoutèrent du bois au feu et l’entretinrent jusqu’à ce que tout fût réduit en cendres. Non loin du bucher étaient étalés un dolman portant des galons blanc sur la manche et une culotte avec des bandes rouges.
Comparez à ces atrocités la conduite des cosaques à l’égard de leurs prisonniers.
La scène que représente notre gravure s’est passée récemment en Galicie. Elle montre combien les cosaques, si terribles qu’ils soient dans l’ardeur du combat, deviennent compatissants pour l’ennemi vaincu.
On voit ici, d’après un récit officiel quelques cosaques qui, ayant fait mettre bas les armes à une centaine d’autrichiens, donnèrent leurs montures et leurs capotes à ceux de leurs prisonniers malades ou blessés, et les conduisirent ainsi au prochain cantonnement.
De tels traits d’humanité honorent ce peuple de soldats.
 
 
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 23 juillet 1916.



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