Les soldats laboureurs (1917)




le petit journal illustréOn sait que la zone des armées va être mise en culture avec le concours des soldats eux-mêmes. L’armée sera divisée en secteur de culture.
Le soldat-laboureur est un des sujets qui émurent le plus vivement l’imagination et la sensibilité de nos pères.
Après les guerres de l’Empire, le soldat-laboureur figurait partout, avait place à tous les foyers ; on le rencontrait sous cadre doré dans les salons libéraux, le bourgeois et le boutiquier l’honoraient d’une bordure de bois peint ; suspendu par quatre clous, il avait sa place marquée à la muraille de l’ouvrier et du paysan. Puis, les enseignes profitèrent de sa vogue, et les devants de cheminée se disputèrent sa moustache grise, son bonnet de police, sa croix d’honneur et sa bêche.
On joua deux variétés, en 1821, un Vaudeville sous ce titre qui eut le plus retentissant succès. Le soldat-laboureur, le principal personnage portait le nom significatif de Francoeur. Son costume se composait d’un pantalon et de guêtres de toile grise, d’un bonnet de police, d’une veste d’uniforme avec la croix d’honneur. Lorsqu’il entrait en scène, il tenait une bêche sur son épaule. Et il chantait :


« Au beau pays qui ma vu naître,
Utile jusqu’au dernier,
Apprenez que Francoeur veut être
Soldat, laboureur tour à tour.
Les champs qui nourrissent ma mère.
Je dois savoir, en bon français,
Les défendre pendant la guerre,
Les labourer pendant la paix. »


Nos soldats d’aujourd’hui savent même labourer pendant la guerre ; et ainsi, ils assurent doublement la sauvegarde de leur pays.
 

Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 14 janvier 1917.





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