Rendons justice d’abord aux blanchisseuses elles conservèrent seules, vestales de la gaieté parisienne, la tradition des cortèges carnavalesques d’autrefois et cela pendant un quart de siècle.
Leurs chars furent l’unique joie de nos yeux à la Mi-carême; aujourd’hui, ils nous ravissent encore malgré la splendeur des autres défilés.
Non jamais, nous serions trop ingrats, ni le bœuf gras, ni les étudiants, ni la vache enragée ne nous feront oublier les blanchissements.
Elles nous permettront cependant de parler un peu de la très artistique vachalcade de Montmartre.
Les nombreux artistes de la célèbre butte ont eu l’idée pour s’amuser de promener une vache enragée et, comme on n’en trouva point d’assez maigre en chair et en os on en figure une en carton.
Qu’importe d’ailleurs puisqu’il s’agissait d’un symbole, celui de cette persécutrice féroce de la jeunesse qui rêve d’idéal et n’arrive qu’après avoir longuement mangé de l’animal en question.
Willlette avait été chargé de la composition et de l’organisation du cortège, il s’en est acquitté en grand artiste qu’il est.
Nous ne pouvions mieux faire qu’en lui demandant pour nos lecteurs de dessiner lui-même une des parties de son cortège; avec une bonne grâce parfaite, il s’est fait le collaborateur de M. Tofani et nous ne saurions trop le remercie de la belle page qui se trouve dans ce numéro.
 
 
Article et gravure relevé dans le petit journal illustré du 22 mars 1896