Nous aurions bien voulu que ce dessin représentât la promenade du bœuf gras de 1891;
Pour des motifs qui nous échappent, depuis la guerre on avait interdit cette joyeuse cavalcade qui amusait les petits et les grands, tout en donnant du pain à une foule de malheureux et aussi en jetant beaucoup d’argent dans le commerce.
Le petit journal ne se contente pas d’être utile à ses lecteurs, il recherche toutes les occasions de leur être agréable; aussi prêcha-t-il avec acharnement la croisade en faveur du bœuf gras, et comme toujours il avait triomphé. Malheureusement, l’autorisation arriva trop tard, et l’on ne pu organiser une de ses belles fêtes comme on en faisait autrefois.
Cependant la chose est décidée en principe l’an prochain on s’y prendra à temps et nous aurons un mardi gras plus brillant que celui qui vient de finir.
Nous les reverrons ces beaux mousquetaires que vous voyez sur notre gravure, superbes sur leurs chevaux, et ces masques joyeux, et ce pauvre bœuf mené triomphalement sur un char doré avant d’être conduit à l’abattoir pour le punir d’un orgueil qu’il n’avait peut-être pas.
Notre dessin représente le bœuf gras d’il y a trente ans; à cette époque on perchait sur l’animal un pauvre bébé qui grelottait dans son maillot d’amour. Depuis on avait renoncé à cette coutume un peu barbare; il serait curieux tout de même de savoir ce que sont devenus maintenant ceux que nous avons vus jadis sur le bœuf gras avec des ailes dans le dos.
 
Article et gravure relevés dans le petit journal illustré du 14 février 1891.