M.Julien Perlat, ancien archiprêtre (Thouars ) |
Collection Gallica BNF L'église Saint-Médard de Thouars (Deux-Sèvres) : histoire / par Auguste Nayel. Archéologie / par Henri Bodin ; préface de M. l'archiprêtre de Thouars (l'abbé J. Perlat) Source: gallica.bnf.fr À la France : sites et monuments. Poitou (Deux-Sèvres, Vendée, Vienne) / [notices de Onésime Reclus] Source: gallica.bnf.fr Notice des peintures, sculptures et dessins du musée départemental de Niort / par M. Louis Germain,... ; Société de statistique, sciences, lettres et arts des Deux-Sèvres Source: gallica.bnf.fr Géographie du département des Deux-Sèvres (3e édition) / par Adolphe Joanne,... Source: gallica.bnf.fr Dictionnaire topographique du département des Deux-Sèvres : comprenant les noms de lieux anciens et modernes / par Bélisaire Ledain,... ; publ. par Alfred Dupond,... Source: gallica.bnf.fr Flore du département des Deux-Sèvres. Première partie, Manuel analytique destiné à faciliter la détermination et à assurer le classement des plantes spontanées du département (2e édition) / par J.-C. Sauzé et P.-N. Maillard Source: gallica.bnf.fr Correspondance de Charles VIII et de ses conseillers avec Louis de la Trémoille, pendant la guerre de Bretagne (1488) / publiée d'après les originaux par Louis de la Trémoille Source: gallica.bnf.fr |
Voici
le texte d’un document trouvé cette semaine, il est extrait du bulletin
paroissial de Thouars. Le document a un peu souffert avec les ans, mais
le texte, en dehors d’une éloge, remarquable et une biographie de
l’Archiprêtre, donne quelques informations sur notre ville à l’époque. «Les thouarsais garderont longtemps le souvenir du vénérable archiprêtre de Saint Médard, qu’ils ont vu pendant 35 ans passer à travers les rues de leur ville, autrefois d’un pas ferme, la tête droite, et le regard attentif à tous ceux qu’il rencontrait, puis, avec le poids des ans, la démarche plus lente et moins assurée, sa haute taille, s’inclinant un peu vers la terre, jusqu’à ce qu’enfin la faiblesse le retint sur son lit où,après si long mois d’attente, la mort est venue le frapper pour porter son âme devant Dieu. Maintenant qu’il n’est plus de ce monde, nous allons dire ce qu’a été sa vie, certain que nous sommes de toucher les cœurs en parlant de lui. Julien Perlat naquit à Poitiers, au faubourg Saint Saturnin, le 9 janvier 1839. Il fut baptisé le 15 du même mois, à la cathédrale, sa paroisse. Son père était originaire de Chizé, et sa mère de Thénezay. Le père était employé à l’octroi. L’enfant fit ses premières classes chez les frères de la prévôté, aujourd’hui Faculté des lettres. Il avait dix ans quand il perdit son père. Ce malheur servit à montrer l’âme courageuse de la mère qui voulut elle-même, par un labeur tenace et modeste, gagner sa vie et celle de son enfant. Il eut de bonne heure la pensée d’être prêtre, et ce furent à l’école cléricale de Poitiers, au petit séminaire de Montmorillon, puis au grand séminaire, les longues études qu’il prépare au sacerdoce. Il passait une partie de ses vacances à Thénezay, près de ses oncles maternels, qui lui furent toujours chers. Thénezay a marqué dans sa vie, et il a gardé constamment d’affectueuses relations avec sa famille de là-bas. Il avait aussi dans sa parenté l’architecte Jean-Baptiste Perlat, un homme bon, de haute conscience et un véritable artiste, qui a laissé de belles œuvres, entre autres la Chapelle de La Puye. Les deux cousins, longtemps séparés par les circonstances, se retrouvèrent plus tard. L’architecte avait l’abbé en grande estime. Il le désigna comme exécuteur testamentaire. Julien Perlat avait achevé ses études à 21 ans; il fut envoyé comme professeur au collège de Thouars, établi au château, sous la direction de M. de La Terrière. Le collège comptait quarante cinq pensionnaires et un peu moins d’externes, ce qui laissait beaucoup d’espace vide dans la vaste demeure des La Trémoille. L’abbé Perlat y resta deux ans. Il habitait la chambre dite de Marie de La Tour. Il reçut la prêtrise le 20 décembre 1862, des mains de Mgr Pie, et fut nommé vicaire à Saint André de Niort. Il y rencontra l’abbé Octave Pescher, vicaire depuis un an, avec qui il se lia d’une grande amitié. L’abbé Perscher devint curé de Saint Laon en 1896. Les deux amis devaient se retrouver à Thouars, l’un près de l’autre, pendant trente trois ans. Après six années de Vicariat à Niort, ce fut pour l’abbé Perlat, la cure de Boussais, en décembre 1808, puis celle de Saint Jean de Sauves, en 1873, et enfin l’archiprêtré de Saint Médard en 1895. Partout il fut aimé de ses paroissiens; partout il eut l’autorité du prêtre qui fait dignement tout son devoir. Lui-même il s’attachait aux âmes qui lui étaient confiées. Ce fut, pour lui, a chaque départ, un déchirement du cœur. Dés sa nomination à la cure de Boussais, ily fait venir près de lui sa bonne mère, comme il aimait à dire. Il l’entoura de respect et de tendresse pendant vingt deux ans. Elle mourut à Saint Jean de Sauves dans sa 90e année. Le fils, au cimetière, fit placer la tombe de sa mère de telle sorte qu’elle fut bien en vue de la chambre qu’il occupait au presbytère. Nommé à Thouars, quatre ans plus tard, il écrivait à Monseigneur l’évêque de Poitiers: «mon pauvre cœur est rivé à cette paroisse de Saint Jean de Sauves. J’y ai travaillé, j’y ai souffert, et surtout je ne saurais m’éloigner du tombeau de la plus digne des femmes et de la meilleure des mères.» Il devint pourtant Thouarsais par le cœur, comme c’était son devoir, profondément Thouarsais. De Thouars, il aima, non seulement sa belle église Saint Médard et sa paroisse; mais tout ce qui était de la ville: les monuments du passé, comme le château, le clocher de Saint Laon, la porte au Prévost, la tour du prince de Galles, les remparts demi ruinés au penchant des coteaux, et aussi le Thouars moderne, avec sa grande gare et ses vastes quartiers neufs. Il mettait un grain de fierté à porter son titre d’archiprêtre de Thouars, et cela lui allait très bien. C’est beaucoup mieux que de se croire tant supérieur à ce que l’on gouverne. Parmi ses paroissiens, il savait, comme il est juste, distinguer ses amis. Mais sincèrement il faisait bon accueil à tous, parce qu’il les aimait tous, et les aurait voulus tous heureux et bons. Il se plaisait à leur offrir de belles fêtes religieuses, aussi éclatantes que possible, selon leur goût. C’est le moyen de faire entrer l’éternel dans les âmes, quand le temporel les absorbe trop. Notons ce qu’il à fait pour l’embellissement de son église; le chœur restauré avec de nouvelles grilles et des mosaïques; la tribune reconstruite en belle pierre blanche (il espérait y poser des orgues); l’électricité installée magnifiquement avec plus de trois cent lampes, et le monument aux morts de la guerre, un soldat étendu sur un champ de bataille, avec le christ, qui de la croix s’incline vers lui, Œuvre simple et robuste, sculptée par Charles Maillard et qui tranche sur la banalité de tant d’autres monuments. Il fit encore l’achat d’un presbytère, ayant mis la plus grande part d’un héritage qui venait de lui échoir, d’un oncle maternel (Car il n’était point riche personnellement, il ne voulut jamais l’être), et ce lui fut une joie profonde d’avoir pu mener à bonne fin cette œuvre nécessaire par l’achat de la maison Barillet. Il s’intéressa grandement aux écoles, ainsi qu’aux œuvres d’éducation et d’agrément auxquelles les vicaires de Saint Médard et de Saint Laon se sont toujours dévoués pour la jeunesse de Thouars. D’esprit très large, il comprenait les œuvres nouvelles et soutenait ses vicaires contre toutes les critiques. Dans les cérémonies, avec sa haute taille et son visage austère encadré de cheveux blancs, il imposait à tous les regards, dans la dignité du véritable homme de Dieu, et quand l‘âge eut rendu ses mouvements moins souples, il n’en apparut que plus vénérable. Nous n’avons rien dit de sa parole sobre, nerveuse et forte, que l’on écoutait si bien. Il était hospitalier pour ses confrères; sa politesse avait grand air; sa conversation était brillante; il contait spirituellement des histoires et y mettait même une pinte de malice, sans jamais de méchanceté; car il était bon et ne disait de mal de personne. Il eut ce rare bonheur d’exercer son ministère jusqu’au delà de 90 ans. Le successeur qui lui fut donné méritait toute sa confiance. Il était déjà son auxiliaire dans le gouvernement de la paroisse. Les deux Archiprêtres vécurent au Presbytères,en très bon voisinage, et le nouveau fit preuve jusqu’au bout de la plus délicate sollicitude à l’égard de son prédécesseur. M. Perlat, dans les deux dernières années, avait presque perdu la vue. Il ne pouvait plus lire. C’étaient de longues journées vides, qu’il s’efforçait de remplir par la prière. Les forces lui manquèrent brusquement, le 6 aout. Il dut s’aliter et ne se releva plus. La vie doucement et sans souffrance, se retirait. Mais la pensée restait lucide. L’âme simple et droite, attendait tranquillement l’heure de Dieu. Elle arriva dans la soirée du 9 au 10 février, en présence de M. l’Archiprêtre et de deux parentes de Thénezay, que la providence voulut là, pour rendre les derniers devoirs au plus ancien de la famille. Le corps, revêtu de la Chasuble violette, fut exposé sur un lit drapé de blanc et entouré d’arbres verts, dans le grand salon. Il y resta quatre jours. Les habitants de Thouars y vinrent nombreux s’agenouiller pieusement. Enfin, le samedi 14, sous un ciel gris et froid, un long cortège de fidèles, avec plus de soixante prêtres, sous la présidence de Monseigneur l’évêque, conduisit au cimetière la dépouille funèbre de celui qui avait été trente trois ans l’Archiprêtre vénéré de Saint Médard. Belles funérailles, qui furent le témoignage donné par tout un peuple à une belle vie sacerdotale. Ce peuple gardera la leçon qui s’en dégage, il se dira que la vie n’est bonne, n’est belle et n’est grande que dans la lumière de Dieu.» «Paul Vigué»
«Directeur au séminaire de Saint Sulpice.» Source: Extraits paroissiale de Thouars N°81- Mars -Avril. |