De l'antiquité à nos jours, l'histoire populaire de France, comme tout autre pays, a toujours eu besoin de sa mythologie.

Les historiens auront bon écrire des bibliothèques, entières, sur des vérités historiques, la légende primera souvent, face à la vérité.

Surtout si celle-ci est beaucoup plus belle.

Ainsi, le pauvre général Cambronne, aura beau dire, toute sa vie, qu'il n'a jamais criée, le célèbre mot de Waterloo.
Il entrera, tout de même, dans l'immortalité, comme celui qui a lancé un « merde » à l'anglais, devenant, aux yeux des Français, le symbole d'un courage, que l'on retrouve souvent dans les moments désespérés.

Du vase de Soissons à nos jours, la mémoire populaire ne retiendra que le panache des êtres et des événements .
Il est rare qu'une épopée ou un personnage, n’ait eu besoin de sa légende pour entrée dans la postérité.

Ainsi Henri de La Rochejacquelein, aura son « .. si j'avance suivez-moi, si je recule,tuez-moi, si je meurs vengez-moi ! » pour rester dans les esprits.
Et je ne vous conseille pas d'aller dire à un habitant du pays du nord Deux-Sèvres que ces mots n'ont jamais été prononcé par « Monsieur Henri »...

Les mots historiques, qui nous concernent, aujourd'hui, auraient été prononcés, à la période révolutionnaire , bien qu'ils soient étroitement liés à l'épopée napoléonienne.
Comme chacun sait, ce fut pendant la campagne d’Égypte que le général Bonaparte, lança à son armée, afin de les galvaniser, pour un combat contre des mameluks, «  du haut de ces pyramides, quatre mille ans vous contemplent ! »

Mais ces mots, semblent n'avoir fait surface qu'après le règne de l'empereur, pendant la restauration ?
Aucune preuve n'existerait, prouvant l'authenticité de l’anecdote. Aucun témoin , ni acteur ne rapportèrent les mots.
Aucun écrit aucun rapport de l'époque ne semble pouvoir attester de la véracité de cette anecdote..

Pourtant, ces mots, devinrent célèbres dans les milieux républicains et auprès de la populace.
Le seul problème, c'est qu' à chaque fois, ou presque, qu'un narrateur lançait :
-« du haut de ces pyramides quatre mille ans vous contemplent ! »
Il y avait toujours un petit malin, pour lancer :
-« Mais que faisait, quatre Milans, sur une pyramide ? »
Tournant, ainsi, l'histoire en dérision.

Mieux !

Certains, racontèrent l'histoire, en changeant quelques détails.

Ainsi, dans leur version, lorsque Bonaparte lançait :
« Du haut de ces pyramides, quatre mille ans vous contemplent ! »
Les soldats se tournaient agressivement, arme à la main ,vers les pyramides, en demandant à leur général, ou se trouvaient exactement ces quatre maudits Milans ?

On peut aisément supposer, que ces plaisanteries n'étaient pas du tout du goût des républicains bonapartistes.
Ceux-ci trouvèrent, cependant, une parade, en changeant «  Du haut de ces pyramides, quatre mille ans vous contemplent ! »

par « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! »

Faisant, ainsi ,taire à jamais , tous les « marioles » de France et de Navarre !

Source :

Histoire de la France . Librairie Taillandier .1969.

Gravure extraite de l'histoire de France racontée à mes petits-enfants.de M.Guizot. Librairie Hachette.1878.